Pierre Vaultier, un guerrier en or

18/02/2014

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A l'issue d'une matinée dominée de la tête et des épaules, à défaut du genou, Pierre Vaultier rapporte à la France son troisième titre olympique sur ces Jeux de Sotchi. Premier de son huitième de finale, premier de son quart de finale, premier de sa demi-finale et premier de la finale !... Remporté avec brio, le titre olympique est incontestable. Il aurait même pu s'associer à un doublé tricolore, Paul-Henri de Le Rue terminant 4ème de la finale. Retour...

Tout commençait bien pour nos trois Français engagés sur le snowboardcross. Sous le pluie et malgré le brouillard, Tony Ramoin (2ème) d’abord, puis Pierre Vaultier et enfin Paul-Henri de La Rue(3ème), à l'issue d'une lutte au couteau, se qualifiaient pour les 1/4 de finale. Le quart de finale voyait le médaillé olympique de Vancouver, Tony Ramoin s'incliner et laisser les deux blessés de l'équipe se qualifier pour les demi-finale.

De fait, blessé en décembre (déchirure du ligament croisé antérieur du genou droit), Pierre Vaultier évoluait avec une attelle, tandis que Paulo, victime d'une terrible chute un mois avant les JO faisait figure de miraculé. Mais les Bleus ont du cœur et c'est ensemble qu'ils abordaient la 2ème demi-finale. En embuscade à mi-course, Pierre et Paulo, 3 et 4, mettaient la pression aux hommes de tête qui ne la supportaient pas et chutaient communément, laissant les Français terminer aux premières places et accéder à la finale.

6 finalistes, 3 médailles, 2 Français, tous les espoirs étaient permis pour les Bleus. Comme depuis le début des "runs", Pierre Vaultier prenait la tête rapidement pour ne plus la lâcher. Tandis que le snowboarder de Serre-Chevalier s'envolait vers l'or, Paul Henri de Le Rue semblait tenir le bronze. Las, sur l'avant-dernier saut, avant la bosse finale, Paul-Henri faisait une petite erreur à l’atterrissage. celle-ci était fatale et laissait le Français à une 4ème place finale.

Devant, Pierre Vaultier pouvait lever les bras : il remporte son titre olympique, le troisième de la délégation française à Sotchi et la 7ème médaille tricolore !

Paul Henri De Le Rue

« On était les 2 handicapés de la course ! Pierrette s'est fait les croisés, tout un tas d'inflammations. Il y a quinze jours, il pensait qu'il ne viendrait pas et là, il gagne. Je savais que c'était un tueur ! Et moi, mon histoire de coma c'était un peu la galère, mais j'avais prévu de monter en puissance physiquement sur le dernier mois. Je n'avais pas les mêmes cartes que tout le monde, je n'avais pas de jambes et il a fallu que je soit tactique tout le long. Je sentais les mecs qui allaient se mettre au tas et qui allaient tout donner. Il fallait être fin, à l'affût, à l'aspiration mais il fallait aussi réussir à se dégager des mecs qui tombaient devant, parce que c'était sûr que ça arriverait. C'était tout au mental. Dans mon jeu, je n'avais ni le physique, ni la technique, mais j'avais la gueule !

J'ai eu des migraines jusqu'à la veille de la compétition, jusqu’à dimanche. J'ai tenu mes engagements et je suis content. Je n'étais pas loin de la 3ème place, mais sans abdos et sans cannes, je n'ai pas tenu une réception. Dommage parce qu'avec une médaille j'avais la classe internationale ! C'était dur. C'est un sport d'expérience. Les jeunes ont la folie, la patate et les vieux partent plus tranquilles mais voient plus de choses. Maintenant je vais rentrer retrouver ma famille. Ma femme et ma fille me manquent terriblement. Elle est née il y a un an et je l'ai presque pas vu. Je finis 4ème, c'est la place du con, mais c'est un bon con ! »

Pierre Vaultier

« C'est juste incroyable ! J'ai pas de ligaments croisés, je cours avec une attèle, il y a deux mois j'étais avec le genou énorme, ponction sur ponction, infiltrations, plus de muscle... C'est juste énorme ce qui m'arrive aujourd'hui ! C'est fou, c'est un miracle ! Je n'atterris pas là... Il y a quinze jour, je voulais être ici, j'ai tout mis en œuvre pour être à Sotchi et pour y arriver dans les meilleures conditions. De la rééducation aux infiltrations, j'ai vraiment bossé dur tous les jours pour ça dans un timing ultra serré. Hier on a eu un petit contre-temps, difficile à gérer pour le tête, mais peut-être moins pour moi, parce que j'avais moins de pression probablement que d'autres. J'avais un petit bout de pression, juste ce qu'il fallait, mais surtout la joie d'être là, le plaisir de rider.

J'ai eu de gros déboires sur mes précédentes Olympiades, sur les gros championnats. Les courses d'un jour ça n'a jamais été mon truc. Finalement, en arrivant avec l'étiquette d'outsider, voire de miraculé, c'était probablement ma chance... Il y avait beaucoup de tension sur la finale. J'étais focus dans le portillon, je ne voulais pas me détacher de la course. En haut de la finale, j'avais énormément de pression. Je sors 3 ou 4 et je prends vite la tête... Après, j'ai déroulé... En passant la ligne d'arrivée, j'étais toujours en l'air. Je crois que je vais atterrir dans quelques jours... Tranquillement... »