Ex-TRIO-rdinaire skicross !
Historique, exceptionnel, énorme... les superlatifs ne manqueront pas dans la presse pour décrire l'exploit réalisé par les skieurs français sur l'épreuve olympique du skicross ce jeudi 20 février 2014 : or, argent, bronze ! Trois Français sur la boite, ce n'était jamais arrivé aux Jeux Olympiques d'hiver et un tel exploit remonte à 1920 pour les Jeux Olympiques d'été ! Il s'agissait alors de l'épreuve de l'épée homme, remportée par Armand Massard devant Alexandre Lippmann et Gustave Buchard.
Le triumvirat héroïque du jour se nomme Jean-Frédéric Chapuis, champion olympique, Arnaud Bovolenta, médaillé d'argent et Jonathan Midol, en bronze. Le premier, champion du monde 2013 réalise un magnifique doublé. A l'instar de Pierre Vaultier deux jours plus tôt dans la compétition olympique de Sotchi, Jean-Frédéric a réalisé une journée parfaite. Après son 4ème temps des qualifications, il s'est en effet imposé sur toutes les courses, du 1/8ème à la finale. Une domination sans partage dans une discipline pourtant ouverte aux aléas où la moindre erreur de trajectoire ou de réception, le moindre choc avec un concurrent peut avoir de dramatiques conséquences.
Le vice-champion olympique, Arnaud Bovolenta, n'avait jamais eu l'honneur d'un podium en Coupe du monde. Pour sa première boire, il prend l'argent olympique au terme d'une compétition marquée du sceau de la 2ème place : autant Jean-Frédéric a remporté toutes ses manches, autant Arnaud a systématiquement terminé deuxième. D'abord derrière le Suédois Eklund à l'issue d'un duel extrêmement impressionnant avec un autre Suédois, Forslund, puis, à deux reprises avant la finale, derrière le Canadien Leman.
Ce dernier, qualifié donc devant Arnaud pour l'ultime rendez-vous était l'homme à faire sortir du podium pour les Français. En effet, outre Jean-Frédéric et Arnaud, un troisième Bleu, Jonathan Midol composait une finale à 75% tricolore. Pour en arriver là, Jonathan, également vierge de tout podium de Coupe du monde, avait lui aussi connu à trois reprises le même destin. De son huitième à la finale, Jonathan s'était retrouvé dans le groupe de Jean-Frédéric Chapuis et avait réussi à coller à ses skis pour terminer systématiquement deuxième derrière le leader des Bleus. En quart de finale, la qualification du duo avait été synonyme d'élimination pour Jonas Devoussaoux, trois Français s'affrontant dans ce groupe de 4.
Coller à Jean-Frédéric, Jonathan n'y parvint pas en finale. Si les trois Français prenaient rapidement la tête, fermant la porte au Canadien Leman, ce dernier ne baissait pas les bras et passait Midol un peu avant premier tiers de la course. Jonathan, désormais habitué à terminer ses descentes derrière des skis français reprenait le dessus au début du dernier tiers, profitant d'un intérieur bien négocié pour d'abord revenir à hauteur de Leman qui se trouvait ensuite ralenti par Bovolenta, puis le dépasser en l'air, après une bosse. Relégué en queue de peloton le Canadien faisait alors une faute fatale qui l'amenait à terre. Les trois Français pouvaient terminer la course entre eux, le premier podium 100% tricolore de l'histoire des Jeux olympiques d'hiver était assuré ! A l'arrivée, malgré la chute de Jonathan Midol, une joie indescriptible envahissait le clan tricolore. Les trois "mouskitaires" venaient d'écrire l'histoire.
J’ai fait de très bons départs aujourd’hui, j'étais sûr de moi dès les entames de course. J’ai pu en profiter pour partir devant et garder cette position. Il fallait ensuite arriver à contrôler ma position. L’objectif c’était d’arriver à franchir les tours. C’est vrai que Jonathan a toujours fait deux derrière moi et je suis content d’avoir réussi à faire ça ensemble. A chaque fois, on passait la ligne d’arrivée, on se retournait et on voyait que nous étions tous les deux qualifiés, c’était génial. L’objectif pour moi c’était la médaille, ça reste un sport individuel et j’étais obligé de protéger ma place mais si ça lui a réussi d’être dans mes traces, c’est génial.
En finale, je pars bien devant mais je sentais Jonathan juste derrière moi et d'un coup j'ai vu une fusée passée, c'était Arnaud. Quand je me fais doubler, je vois d’abord la marque des skis et je me dis, « nickel, c’est un Français ». N’empêche que j’avais envie de cette première place et je me suis mis derrière lui pour prendre l'aspiration et attendre le bon moment. Sur une ligne droite, l’opportunité de le dépasser est apparue et j’ai sauté dessus. Du coup je le passe proprement, sans risquer de le faire tomber. Je suis tout seul dans le dernier saut et là je savoure. Après la ligne, je me retourne et vois qu'on est tous les trois. Je me dis : "c'est quoi ça ?! C'est comme dans un rêve"... Je suis super heureux pour nous, les Français, et pour notre sport qui est mis en avant. C’est un sport assez jeune, pas encore très connu, mais ça va peut-être lui donner un coup de pouce qui va lui permettre d’être populaire. Vive le skicross Français !
Arnaud Bovolenta
Je suis super content, c’est vraiment un truc de fou, une journée parfaite. C’est vrai que j’ai fait deuxième tout au long des courses. J’y pense à la fin de la finale. Ça me va bien. Je n’étais pas loin d’être premier en finale, j’étais devant un petit moment et, j’avoue, j’y ai pensé un peu à cette médaille d’or. Mais je suis passé sur de la neige gros grain qui m’a freiné un peu et a permis à Jeff de me dépasser. Après, je ne pensais plus qu’à maintenir ma deuxième position.
Entre la demie et la finale, il n’y a pas beaucoup de temps. En haut, juste avant la finale, on ne s'est pas trop regardé, on s'est juste serré la main. On a juste pris le temps de s’assoir deux minutes, mais nous n’avons pas vraiment parlé entre nous.
Leman, sur la demi-finale, j’ai vu que j’étais revenu dessus et qu’il y avait moyen d’aller plus vite que lui. On voulait aller à fond et le battre le Canadien mais on n'avait pas de stratégie contre lui. Quand j'ai constaté qu'on était devant avec JF, que j'ai vu Jonathan arriver juste derrière à l'arrivée, c'était énorme... !
Jonathan Midol
On s'est tous félicité d'être en finale. En haut, on savait qu'on avait déjà deux médailles pour l'équipe de France. C'était déjà énorme ! On voulait pas trop penser au fait qu'on était tous les trois dans la course, on restait malgré tout des concurrents. On s'était déjà dit en plaisantant qu'on allait se faire une finale 100% française. On savait qu'on avait une grosse équipe, on est 6 à prétendre à chaque podium. On pensait que ce n'était qu'un rêve.
Que dire… ? C’est magique, énorme ! On fait une médaille olympique entre potes… Avec Arnaud, on skiait ensemble en alpin. Déjà en cadet, on se tirait un peu la bourre. On se connait depuis un certain nombre d’années donc et Jeff, c’est pareil, il était dans le circuit FIS quand on est arrivés.
C’est vrai que j’ai fini toutes mes courses sauf la finale derrière Jean-Frédéric, mais il n’y avait pas de calcul. Sur ces courses, tu ne peux pas vraiment en avoir. Tout le monde essaye d’aller le plus vite. Après c’est sûr que je me retrouve derrière lui et qu’il skiait bien, proprement. Il ouvrait bien la voie.
En finale, on est parti pour faire un truc. Je n’ai pas pris un très bon start et je me suis vite retrouvé un peu derrière. C’était très serré et dès que j’ai vu la porte s’ouvrir, j’ai foncé. J’ai joué des coudes jusqu’en bas en fait, y compris après la chute du Canadien. Je n’ai pas senti qu’il n’était plus là, j’ai donc continué à 100%, jusqu’au dernier saut que je prends à fond pour ne pas me faire doubler. Je chute juste avant l’arrivée et je ne me rends pas compte si le Canadien que je pensais toujours dans la trace, avait pu passer à droite ou à gauche… J'ai mis du temps à réaliser.
Jonathan MIDOL | Jean-Frédéric CHAPUIS | Arnaud BOVOLENTA | Ski Acrobatique
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