Le 3x3 quatre à quatre
Une sono qui crache du hip-hop, un terrain dans un lieu iconique, un public surchauffé, une mascotte déchaînée, un niveau de jeu impressionnant… Voilà quelques-uns des ingrédients qui ont fait le succès du basket 3x3 ici, à Tarragone, pour les Jeux Méditerranéens. Plus globalement d’ailleurs... Cette recette semble fonctionner tout au long de l’année, à travers le monde, et le public accroche.
Karim Souchu, ancien international en 5x5 et 3x3, médaillé d’argent aux championnats du monde 2012 de la discipline, est aujourd’hui l’entraîneur de l’équipe de France féminine. Précurseur à l’époque, il s’investit plus que jamais dans ce sport en plein essor, qui séduit les candidats, "C’est un sport qui attire beaucoup, déjà parce qu’il y a moins de joueurs à recruter. Aussi parce qu’il donne beaucoup d’autonomie aux athlètes, qui sont assez libres de faire leurs choix, leurs changements. Même si on leur impose un certain cadre, ils restent maîtres sur le terrain. C’est quelque chose qui plaît aussi par rapport au 5x5, où il y peut-être un peu plus de contraintes et où le coach intervient plus régulièrement. Ça attire aussi parce c’est spectaculaire, c’est fun !"
En matière de développement de la pratique et d’optimisation de la performance, l’exemple de la Fédération française de rugby (FFR), pourrait être une voie à suivre. Celle-ci a développé un programme dédié au rugby à 7, discipline olympique depuis Rio, au sein duquel les joueurs ciblés sont directement sous contrat avec la fédération. Un bon moyen de préparer spécifiquement les athlètes à cette discipline, et qu’ils se consacrent pleinement au circuit mondial et aux grands championnats. Est-ce ce type de modèle qu’il faut suivre ? Karim est convaincu : "C’est ce qu’il faut faire ! J’étais joueur encore en 2012 et on a perdu la finale du championnat du monde contre la Serbie. Les Serbes ont par exemple complètement arrêté le 5x5 et se concentrent sur le 3x3. Ils sont financièrement soutenus par un sponsor et depuis six ans ils gagnent toutes les compétitions. Ils sont devenus des professionnels du basket 3x3, tandis que nous avons toujours la contrainte des joueurs qui viennent du 5x5. A terme, il va falloir avoir des basketteurs qui ne font que ça. C’est à cette seule condition que nous progresserons au ranking mondial, parce que par ailleurs, on a vraiment de bons joueurs."
Depuis l’été dernier, le Comité international olympique (CIO) a intégré la discipline à son programme, avec une première échéance à Tokyo, en 2020. Un coup de projecteur, un tremplin, pour ce sport pratiqué depuis très longtemps déjà, de manière informelle, sur les playgrounds du monde entier. Une forme de reconnaissance et de légitimité. Pour Karim, "ça change la donne. C’est l’opportunité de ramener deux médailles olympiques de plus. Pour nous c’est important. La fédération fait actuellement un énorme effort pour que le 3x3 évolue, prenne son envol, avec notamment un championnat qui va être créé. Tous les efforts sont faits de notre côté pour que l’on puisse réaliser quelque chose de bien. L’échéance de Tokyo 2020 est assez proche, mais va être très difficile puisque ça se jouera au ranking. Derrière il y aura Paris 2024, où nous serons automatiquement qualifiés. Les enjeux on les connaît, ils sont très importants."
Durant son séjour en Espagne, les Français ont été indomptables, remportant tous leurs matches, décrochant l’or chez les filles et les garçons. Au-delà de l’aspect sportif, ces Jeux méditerranéens étaient l’occasion de goûter à l’ambiance d’un tel événement, qui se rapproche de l’atmosphère olympique. "ça ressemble beaucoup au modèle olympique. De toute façon, on sait ce qu’on veut atteindre comme objectif. Je pense que les joueuses et joueurs ont pris conscience qu’une organisation comme celle-ci est géniale. Et comme les Jeux Olympiques c’est encore le niveau du dessus, avec beaucoup plus de pays. Je suis content qu’ils puissent vivre cet événement et emmagasiner de l’expérience. Aujourd’hui, grâce à cette victoire à Tarragone, nous avons en France la numéro une mondial chez les seniors, Caroline Hériaud. Ce n’était encore jamais arrivé en France. On est ravi et on a atteint ici nos objectifs. Mais l’été est encore long et il nous reste encore beaucoup de compétitions à disputer."
Ce sont donc des semaines studieuses qui s’annoncent pour les collectifs tricolores du basket 3x3. En tout cas, avec ce doublé en or, ils ont entamé leur été et leur route vers les Jeux de la meilleure des manières. Quoiqu’il en soit, la dynamique basket 3x3 est lancée et elle risque fort de durer quelques années…
Avis de joueur : Lucas Dussoulier
"La discipline se développe bien, même si c’est encore aujourd’hui difficile de se consacrer uniquement au 3x3 en France. Certains pays le font, comme la Serbie ou la Slovénie, qui ont des équipes dédiées. Il y a un circuit mais qui ne dure que l’été. La fédération effectue actuellement un gros travail pour mettre en place un championnat dès la rentrée prochaine je crois, avec l’objectif d’avoir une compétition nationale structurée d’ici 3-4 ans. Ça peut devenir quelque chose de vraiment intéressant mais, à l’heure actuelle, je ne me vois pas quitter le 5x5 pour le 3x3, ce n’est pas encore possible, même si j’y prends énormément de plaisir et qu’il a une place de plus en plus grande dans mon parcours."
L'actu des Bleus... | Actualités
- A lire également
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-